Moussa KONATE
Roman africain
L'AUTEUR :
Il est né à Kita au Mali en 1951 et décédé à Limoges (où il résidait depuis 1999) en Octobre 2013.
Il était dramaturge, romancier, éditeur, essayiste, co-directeur du festival « Etonnants voyageurs » à Bamako, festival qui fait connaître de nombreux écrivains africains.
Il a été professeur de littérature, a fondé une compagnie de théâtre à Bamako, a créé la maison d'édition du Figuier. Il a été exilé en France mais n'a jamais cessé d'oeuvrer pour son pays le Mali en particulier pour le pays Dogon.
Le commissaire Habib fait découvrir au grand public son pays natal déchiré entre modernité et croyances anciennes.
Moussa Konaté a écrit son premier roman dans les années 80.
Il a reçu le prix Hervé Deluen de l'Académie Française en 2011.
LES LIVRES : La malédiction du Lamantin (213 pages – 2009)
Première enquête du commissaire Habib et de son fidèle Sosso. Sur le fleuve Niger, le peuple des Bozos a une grande connaissance du monde aquatique et de ses croyances ancestrales. Une tempête arrive et le matin des corps sont échoués sur les rives du fleuve. Le commissaire Habib mandaté pour faire la lumière sur ce mystère est tiraillé entre son éducation noire et sa formation dans les écoles des blancs. Le peuple Bozo croit que c'est le dieu Lamantin qui s'est vengé et Habib suit son instinct de policier. La quête de la vérité sera rude !
Meurtre à Tombouctou
(175 pages - 2014) éditions Métailié noir
Le commissaire Habib et son fidèle lieutenant et adjoint Sosso doivent se rendre à Tombouctou. En effet, un jeune Touareg est mort au pied d'un figuier. En même temps, un touriste français a été attaqué devant son hôtel. L'agresseur a crié : "sales mécréants de français, vous allez tous mourir ; qu'Allah vous maudisse !". Avec la montée du terrorisme musulman, la psychose risque de s'insaller. Donc Habib est accompagné de Guillaume, agent du renseignement français contre le terrorisme. L'enquête sera difficile. Les notables de Tombouctou veulent faire intervenir un marabout devin et écarter le commissaire Habib. C'est compter sans l'opiniâtreté de celui-ci et du courageux Sosso.
L'affaire des coupeurs de têtes :
(149 pages - 2015) Editions Métailié noir
Dernier roman de Moussa Konaté quelques mois avant son décès en 2013 à Limoges.
Kita la ville de la jeunesse du Commissaire Habib : des mendiants sont décapités. Nouvelle enquête pour ce commissaire placide, qui réfléchit beaucoup, épaulé par son adjoint très dynamique, le jeune Sosso. Encore une fois, il faudra jongler avec les croyances, les superstitions et la politique.
BIBLIOGRAPHIE : entre autres
Romans policiers avec le commissaire Habib :
L'empreinte du renard
L'assassin du Bancom
L'honneur des Keita
Romans divers :
Une aube incertaine
Les orphelines d'Allah
Un appel de nuit
Fils du chaos
Le prix de l'âme
Théâtre :
Khasso
L'or du diable
Le cercle au féminin
Un monde immobile
Essais :
L'Afrique noire, est-elle maudite ?
En route pour Tombouctou, le Mali autrement, le Mali comme on l'aime, le Mali d'indivisible humanité.
Mali, ils ont assommé l'espoir, réflexion sur le drame d'un peuple.
Chronique d'une journée de répression
Documentaires :
Les mondes Dogon
Bamako : rencontres africaines de la photographie dans la ville et au-delà.
MON AVIS :
Excellent livre qui dépasse le cadre d'un policier ordinaire. Belle découverte du Mali et du pays Dogon qui donne envie d'aller plus loin.
Dommage que l'auteur soit décédé, car ses romans sont vraiment intéressants, les intrigues bien ficelées et les personnages attachants.
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LES PLAISIRS DE LA TABLE :
Je ne proposerai pas de recette de cuisine pour ce livre mais plutôt un extrait du texte : chapitre 3, présentation du peuple des Bozos.
« L'orage de la veille n'avait laissé derrière lui que désolation : des arbres déracinés, des maisons de terre effondrées, des voitures accidentées, transformées en épaves, des rues boueuses dont les pluies avaient emporté l'asphalte, des cadavres de chiens et de moutons flottant sur le fleuve Niger dont les eaux avaient débordé au point d'inonder les habitations imprudemment construites sur ses rives.
Kokrini, le gros campement situé si près de Bamako qu'il était considéré comme un de ses modestes quartiers périphériques, avait particulièrement souffert. Les Bozos, es habitants, ethnie ne vivant pratiquement que de la pêche, n'y habitaient que lorsque le fleuve était à l'étiage ; durant l'hivernage, quand les eaux commençaient à gonfler, ils regagnaient prudemment leur village, Kokri, à quelques kilomètres de là. Ainsi vivaient-ils depuis des générations. L'orage inattendu en ce mois de février avait littéralement dévasté le campement. Un grand nombre de cases au toit de chaume bordant le fleuve s'étaient écroulées, comme les fours de terre caractéristiques qui servaient à enfumer le poisson. Les ruelles n'étaient plus que flaques d'eau boueuses sur lesquelles flottaient des pirogues et des chalands que le vent y avait fait atterrir. Partout, des cadavres de poissons que se disputaient les chiens, les charognards et les enfants.
Les adultes paraissaient avoir déserté les lieux : en fait, tous s'étaient rués tôt le matin vers la concession du chef Kouata. Là, assis sur des nattes ou debout, dans un silence pesant, ceux de Kokrini formaient un cercle autour d'une masse informe recouverte de trois pagnes de cotonnade. »
Martine M.